la dynamique du métissage et les passeurs de culture 2009

Introduction par Nadine Chopin, présidente de La Maison des Passages

On aurait pu écrire culture avec un « s », parler de passeurs de différentes cultures, mais ce dont nous voulons parler, c’est d’une culture en mouvement, d’une matière active par opposition à une culture figée, qui se voudrait la seule culture, donc d’une culture faite de partages, d’ouvertures, d’altérité, la culture devient alors un bien commun et multiple : une mosaïque.
Cependant le réel nous oblige à constater que les cultures dites « dominantes » demandent des comptes et hiérarchisent, comme le dit JM Le Clézio : « … Dans une sorte de hiérarchie absurde, on fait correspondre la réussite économique des puissances commerciales avec une soi-disant supériorité culturelle. Ces théories, comme une pulsion fiévreuse et malsaine, de temps à autre ressurgissent çà et là pour justifier le néo-colonialisme et l’impérialisme. Certains peuples seraient à la traîne, n’auraient pas acquis droit de cité du fait de leur retard économique, ou de leur archaïsme technologique ». On assiste donc bien depuis des siècles à un nivellement des cultures, voire une éradication de certaines d’entre elles par le jeu de critères unilatéraux.

La Maison des Passages défend au contraire l’idée de multiple, l’enrichissement par la rencontre et les mélanges, ce qu’Edouard Glissant appelle « l’archipélisation », un monde construit de multiples éléments et qui trouve sa totalité dans cette diversité. Toute fixité conduisant à l’immobilisme, la sclérose, la mort.

La Maison des Passages a inscrit dans son projet la notion d’interculturalité qui est aujourd’hui une question politique, sociale et humaine essentielle. On ne peut plus penser le monde sans ses diversités culturelles.
Cela ne se fait pas sans malaise. Comme l’interrogation de Mahmoud Darwich l’exprime si bien :

Je suis deux en un
A moins que je ne sois
Un, explosé en deux
Pont ô pont
Lequel des deux fragments est moi

Même si la question des dominations pose celle des discriminations, il s’agit de ne pas se laisser engouffrer dans la question du racisme ; ce colloque s’appelle La dynamique du métissage . Ce qui va être creusé, c’est la dimension active, créative des rencontres des cultures.