Pour remonter à un passé très lointain pour lequel nous manquons d’archives authentiques, nous croyons savoir que le lieu avait pu être avant le 18ème siècle une annexe logistique de la Commanderie des Templiers, existant alors à la place de l’actuel groupe scolaire voisin. Il a accueilli aussi dans un passé beaucoup plus récent le théâtre et le cinéma paroissial, la grande salle ayant même servi de lieu de culte entre 1902 et 1913 en raison de dissensions entre le curé de la paroisse et l’évêché.
Nous ferons donc démarrer en 1970 l’histoire contemporaine du 44 : c’est à cette date que la Fédération du Rhône du PSU acquiert le premier étage du bâtiment sur cour ainsi que quelques mètres carrés au rez de chaussée. Ces locaux étaient destinés à accueillir son siège, matérialisation nécessaire de la croissance de cette organisation en militants et en influence.
Ces locaux ont donc connu jusqu’en 1978 l’histoire agitée de cette organisation politique et des diverses organisations éphémères nées à la suite de la scission de la majorité des adhérents du Rhône en 1974. La dernière en date s’étant elle-même dissoute fin 78, mais en laissant en souvenir quelques dettes, une cinquantaine d’anciens de la "belle époque" se réunirent alors pour "sauver l’outil", assainir la situation financière et discuter d’un devenir possible du lieu.
Cette mobilisation a débouché alors sur la constitution de l’association loi 1901 appelée Centre d’Expressions Populaires (CEP), dont le but affiché était d’offrir, au sein de ce qu’on pourrait appeler le mouvement social, un lieu de réunion, de travail mais aussi d’échanges à toutes les associations, groupes et comités divers. Ce fut donc dès le début le siège des premières radios libres lyonnaises, Radio Canut puis Radio Léon, du Comité Larzac, du Comité Malville, du Groupe de Libération des Homosexuels, du Comité Irlande Libre, du Mouvement pour la Liberté de l’Accouchement de l’Avortement et de la Contraception, du groupe d’Action et de Résistance à la Militarisation, de l’Association Médicale Franco-Palestinienne, du Comité Populaire Saint Georges.
De 79 à 90, le lieu fut géré directement par les membres de l ’association CEP, qui tentèrent d’y faire vivre unt esprit d’échange entre les divers groupes investis dans des champs très différents.
Parmi tous les groupes ayant fréquenté les lieux dans cette période, on peut noter : Le Mouvement pour l’Habitat Autogéré, le journal Continents, Vitrail Saint Georges, le Comité Amérique Centrale et Caraïbes, Radio Bigoudis, le Mouvement des Objecteurs de Conscience, l’Ecole Emancipée, le Comité de Soutien à la Lutte du Peuple Kanak, la Confédération Nationale des Radios Libres, le Groupe Anti-Apartheid, le MDPL, le Mouvement d’Information sur les Droits Démocratiques en Côte d’Ivoire, le Collectif Armée-Ecole, Urgence contre l’extrême droite, le Réseau Santé, l’AREV…
En mai 87, le CEP est à l’origine du Charivari des libertés qui rassemble plusieurs centaines de personnes dans un défilé festif sur un parcours entre le plateau de la Croix Rousse et Bellecour, pour dire le ras le bol devant l’étouffement des libertés dans la période de première cohabitation sous la poigne Pasqua.
En 87 furent aussi lancées plusieurs initiatives visant à formaliser les échanges d’information entre tous les groupes et associations intervenant sur la place de Lyon : c’est d’abord un répondeur CEP Info sur Minitel et une "feuille de chou" Traboule Info.
Mais les forces des membres du CEP s’épuisent au fil des années et à partir de 1990, une nouvelle gestion du lieu est mise en place : le CEP conserve la propriété des locaux mais va confier leur occupation et leur gestion à une association différente, suite à appel à projet.
En 1990 c’est le projet Maison des Communications qui est retenu, autour de deux thèmes principaux : être le siège de la Fédération des Radios Libres (et également un lieu de production) et ouvrir un centre de documentation. Ceci tout en conservant une fonction de mise à disposition de salles de réunion pour d’autres groupes et associations. Cette expérience durera cinq ans mais s’arrêtera par manque d’assises financières.
En 95 lui succède donc le projet Espace Saint Georges Communication (ESGC), porté par Naceur Hanine, qui transforme les lieux en Centre Associatif, mettant à disposition d’associations adhérentes à l’Espace soit des bureaux, soit des salles de réunion : en dix ans ce sont plus de quarante associations différentes qui vont demeurer ou passer : des artistes ( La Tribu Hérisson, Traversant 3, Un clown sinon rien..), des organismes de formation (CREFAD, ACF…), des politiques (Alternatifs, PAG69, ATTAC, PS du 5ème pour les municipales 2001…), des associations du quartier (Dragons Saint Georges, Shido Go…)…
Et puis c’est en 2005 la volonté de redevenir plus présent sur le terrain des questions de société avec un projet plus ambitieux et plus ouvert au public : c’est donc le temps de La Maison des Passages qui inaugure cet espace interculturel...Le CEP remercie en cette occasion les animateurs de cette Maison des Passages, les entreprises amies qui ont permis en un temps malgré tout limité de rénover profondément les locaux, ainsi que nos partenaires de l’association ATS qui ont apporté les compléments financiers indispensables à la réalisation de toute l’opération.